dimanche 22 novembre 2015

Un vent de féminisme

Avec la sortie récente de Suffragette et de He named me Malala (Il m’a appelée Malala), le féminisme a le vent en poupe ces derniers temps !




Suffragette nous rappelle la situation des femmes en Angleterre au début du 20e siècle et la violente lutte par laquelle il leur a fallu passer pour obtenir le droit de vote.

Réalisé par Sarah Gavron, le film est marquant et son casting envoie du lourd.

Soyons clairs, si vous alliez voir Suffragette pour Meryl Streep vous allez être déçus. Non pas par sa performance mais du fait qu’elle n’y apparaît que quelques minutes à peine. Mais consolez-vous, les autres actrices (Helena Bonham Carter, Anne-Marie Duff, Carey Mulligan…) sont toutes formidables et émouvantes.

Au-delà d’une simple leçon d’histoire, le film nous projette dans la vie d’une famille de l’époque et ne se limite donc pas à la question du droit de vote des femmes, acquis progressivement en Angleterre à partir de 1918. Car comme vous le savez peut-être, autrefois la vie des femmes, en Angleterre comme en France, était régie par leur mari que la loi (française du moins) établissait officiellement comme le chef de familleÀ ce titre, celui-ci détenait l'autorité sur la famille, femme et enfants, et contrôlait seul le patrimoine du ménage (argent, logement, et tout ce qui s'en suit). Pour couronner le tout, il était impossible d’obtenir un divorce et de se délivrer ainsi de l'emprise de son mari. Ambiance.

Alors tout cela est naturellement révoltant sur le principe mais on ne se représente pas nécessairement l’impact concret de ces dispositions dans la vie quotidienne et notamment sur la perception qu’a une femme de sa vie, de son avenir et de sa place dans la société.
Suffragette vous plonge dans la peau de ces femmes et vous offre cette vision peu reluisante de ce qu'était notre société il n'y a pas si longtemps. Et ça fait un choc, même lorsque l’on connaît la théorie.

Si tous ces problèmes nous paraissent aujourd’hui lointains et presque surréalistes, n’oublions pas que l’égalité homme-femme est encore loin d’être acquise en France, en Angleterre et dans bien d’autres pays. 

Meryl Streep lors du discours de Patricia Arquette en faveur de l'égalité des salaires à la cérémonie des Oscars 2015.


Dans certains, il reste énormément (voire tout) à faire. He named me Malala nous donne l'exemple du Pakistan où il ne fait actuellement pas forcément bon vivre lorsque l'on est une femme.




He named me Malala revient sur le destin incroyable de Malala, prix Nobel de la paix à 17 ans, qui promeut la scolarisation des jeunes filles dans le monde, après que des talibans lui ont tiré dessus pour s’être battue pour aller à l’école dans son propre pays, le Pakistan. Oui, rien que ça.

Alors attention, c’est un documentaire. Et je ne vous cacherai pas que j’ai trouvé les premières 10-15 minutes assez laborieuses. Mais j’ai finalement été emportée et profondément touchée par l’histoire.

Le film est évidemment intéressant pour son message d’égalité et son véritable plaidoyer pour l’éducation. Mais il nous raconte également comment le village natal de Malala, Mingora, a été ravagé par les talibans qui y ont progressivement pris le pouvoir, détruisant entre autre les écoles, tuant sans merci, inspirant la crainte, oppressant chaque jour un peu plus le peuple et lui ôtant tout espoir de bonheur et de liberté.

Paradoxalement, au travers de Malala et de sa famille, le film montre une image très pacifique de la religion musulmane, ce qui ne fait pas de mal par les temps qui courent.

Certains passages sont dessinés, ce qui ajoute une touche de douceur et de poésie assez bienvenue.

On en ressort malgré tout assez pessimiste car si Malala a survécu et se bat encore, c’est en dehors de son pays, qu’elle a dû fuir pour sa survie et dont elle semble recevoir un soutien assez mitigé. La situation paraît donc assez désespérée pour qui reste sur place.

Malala nous donne tout de même une belle leçon d’opiniâtreté et porte un message de paix qui je l'espère touche aussi les habitants du Pakistan.


En conclusion, je vous recommande de regarder et faire connaître ces deux films aux héroïnes courageuses et déterminées qui se battent au péril de leur vie pour faire entendre leurs droits.

dimanche 8 novembre 2015

Je ne m’énerve pas...


Peut-être avez-vous constaté, vous aussi, une tendance prononcée à la bande-annonce d’un quart d’heure (attention légère exagération). Je ne parle pas là du créneau dédié aux bandes-annonces dans leur ensemble mais bien de la durée de la bande-annonce elle-même qui est progressivement passée ces dernières années de quelques secondes à quelques MINUTES.

Que les films passent d’une heure et demi à trois heures, je n'y vois pas d'objection (sauf s'il s’agit de 3 heures de souffrance). Mais un tel allongement pour les bandes-annonces n’a aucun sens et va à l’encontre de leur fonction même ! On ne veut pas voir un résumé du film, on en veut un bref aperçu. Contrairement à l’élève qui lit sournoisement le résumé du Père Goriot pour ne pas avoir à se farcir le livre entier, le spectateur qui regarde une bande-annonce va potentiellement choisir d’aller voir le film !

Est-il donc impossible de nos jours de trouver une bande-annonce pudique d’une trentaine de secondes qui en dévoile un peu mais pas trop, juste de quoi vous mettre l’eau à la bouche ?

On arrivait déjà en 30 secondes à épuiser tous les gags d’une comédie raté, le suspens d’un mauvais thriller et l’intrigue d’un navet. Mais alors avec deux, voire parfois même TROIS minutes, plus aucun film ne résiste à l’épreuve !

Enfin aucun, c’est sans compter sur les films type James Bond dont la bande annonce contient toujours les éléments classiques d’une recette bien connue : explosion – baston – roulage de patin – course poursuite – explosion, mais dont on ne se lasse pas et qui ne sont jamais sans réserver quelques surprises.

À côté de cela, il existe encore quelques irréductibles gaulois qui arrivent à feinter le public en beauté pendant plus de 2 minutes, et là je dis chapeau bas.


Je pense notamment à Gone Girl, dont la bande-annonce nous donne l’illusion d’avoir complètement cerné la trajectoire du film alors qu’en fait pas du tout. 

Mais les exemples sont rares. Ainsi, pour ne pas prendre de risque, j’ai récemment résolu d’appliquer une méthode de section des bandes-annonces après environ 30 secondes. Je coupe net quoi qu’il arrive, même si je suis encore sceptique ou indécise. Pourquoi tant de brutalité me demanderez-vous ? Eh bien aux grands maux les grands remèdes, c’est la seule solution que j’ai trouvée pour préserver un tant soit peu le mystère. Et je m’en félicite car cette ruse a été salvatrice pour Sicario.

Une autre technique, plus extrême, consiste à refuser tout bonnement de regarder la moindre bande-annonce, quelle que soit sa durée, et aller voir le film à l’aveuglette.
Même si je comprends cette préférence, cette méthode n’est pour moi pas concevable.
D’une part elle n’est pas sans risque. La bande-annonce me permet quand même de filtrer bon nombre de déchets car je suis de ceux qui se fient à leur instinct et ne consultent que rarement les critiques pour choisir un film (quelle ironie, n'est-ce pas ?).
D’autre part, regarder les bandes-annonces a pour moi toujours été un véritable plaisir à tel point que je fais (ou du moins faisais) en sorte d’arriver au cinéma parfaitement à l’heure pour ne pas les rater, quitte à me farcir également 20 minutes de pub au passage.
Je suis donc bien en peine de ne plus pouvoir savourer cet instant en toute sérénité.

En arriver à redouter les bandes-annonces c'est quand même dommage non ?

Legend



Legend c’est l’histoire des frères Kray, Ronald et Reggie, célèbres gangsters anglais du Londres des années 60.
Enfin, célèbres, pas nécessairement en dehors de l’Angleterre (je n’en avais personnellement jamais entendu parler). Suffisamment toutefois pour qu’un réalisateur américain, Brian Helgeland, s’intéresse à leur histoire.
Si je ne suis pas sûre que le film ait eu le même retentissement en France (à vous de me le dire), il a incontestablement fait grand bruit au Royaume-Uni.
Cela dit, connaître les personnages au préalable n’a pas grande importance. On y va aussi pour découvrir leur histoire. Et il n’est ma foi pas déplaisant d’apprendre des choses au cinéma.

Le côté remarquable du film tient dans le fait que les deux frères sont joués par le même acteur, Tom Hardy, qui lui est anglais. Sa performance est impressionnante et le montage et la mise en scène sont habiles. De ce point de vue, le film est une réussite. Pas un instant on ne remet en question la présence de deux personnages distincts et très différents l'un de l'autre. Reconnaissons qu’arriver à rendre Tom Hardy repoussant, cela relève de l’exploit !

À part cela, il s’agit somme toute d’un film de gangsters assez classique, à la différence peut-être qu’étant anglais, ceux-ci font preuve de plus de "retenue" dans leur comportement et moins de monde se fait ainsi dézinguer.
Le film est malgré cela d’une grande violence, du genre qui vous met mal à l’aise, et qui est parfois complètement superflue (je pense par exemple à la scène de torture chez le gang adverse).

L’autre particularité de l’histoire est la relation entre les deux frères jumeaux et la maladie du second (Ronald).
Mais au bout du compte les conséquences sont fatalement les mêmes : impossible rédemption, destin tragique de la compagne, naufrage...
Alors certes, on sait dès le départ que tout ça va mal finir mais on se laisse prendre au jeu et tout comme la jeune et naïve Frances (Emily Browning) on veut croire à leur charmante romance. Mais ça rate, invariablement, et on est déçus. Frances s'en sort cependant avec un peu plus de dignité que d'autres (telles que Ginger dans Casino par exemple).

Le film est drôle par moments mais dans un style un peu gênant. Le petit fan club de Ronald composé de deux fidèles blondinets est, lui, tout à fait irrésistible.

Autre détail, l’argot et l’accent Cockney des personnages, plus vrais que nature, rendent certains passages assez difficiles à comprendre en VO et ce, même pour un natif anglais qui ne serait pas du milieu.

En somme un bilan mitigé. Je dirais que c’est bien mais pas top, un peu lassant si vous en avez vu d’autres et trop long à mon goût. Mais le film vaut tout de même le coup d’œil et je ne vous dissuaderai pas d’y aller.